le burn-out, un effondrement de la conscience par Sylvie Pascual

Nous avons beau avoir conscience de l’explosion du nombre de burnouts, nous avons beau avoir des collègues, des proches qui ont eu beaucoup de mal à s’en remettre, nous avons beau avoir été les témoins des conséquences dramatiques, nous avons beau percevoir en nous-mêmes des signes qui ressemblent à une pente douce vers l’épuisement, rien n’y fait…

 

/ Oubli de soi… jusqu’au burnout

Notre société judéo-chrétienne porte aux nues le sacrifice, l'oubli de soi.

Cependant pour mieux aider, mieux vaut être en pleine possession de ses moyens, sinon on risque de faire rapidement partie de ceux qui ont besoin d’aide. En voilà une révélation qui signifie, par extension que prendre soin de soi signifie être en capacité de mieux prendre soin des autres

Nous ne prenons pas tellement soin de nous, et ces besoins que nous entendons piailler à nos oreilles, nous choisissons de ne pas trop les écouter. Ce mène tout droit au stress, sous bien des formes. Et nous parlons ici autant des besoins de repos, de détente, des silence, de passivité, de plaisir, de déconnexion, que de ceux liés à un environnement professionnel acceptable, les besoins de reconnaissance, d’actualisation des compétences, d’accomplissement de soi , de vivre et travailler en adéquation avec ses valeurs, etc.

Un exemple : le présentéisme, qui consiste à aller travailler alors que nous ne sommes pas en état de le faire, coûte cher aux entreprises, mais surtout encore plus cher aux salariés qui, en repoussant toujours un peu plus leurs limites, risquent le burn-out, l’incapacité totale.

Galoper à bride abattue sur des landes désertes, c’est plus héroïque, ça fait pas fillette. C’est plus classe, ça fait plus chef du troupeau.

Et c’est bien en cela que nous sommes primaires. Nous préférons donner l’image crinière au vent du fier-à-bras héroïque que l’image sereine du voyageur tranquille. C’est censé être plus valorisant d’être débordé tête dans le guidon (ça sent l’indispensable) que de travailler décontracté à un rythme humainement tenable au long cours (ça sent le tire-au-flanc).

Suivons la métaphore équine jusqu’au bout: si l’on pousse un cheval, il marchera jusqu’à la mort

Si la référence externe, en l’occurrence le regard des autres, la tentation du pouvoir ou le besoin de compenser une estime de soi fragile s’en mêlent, nous risquons surtout de finir non pas en héros, mais en canasson exsangue qui expire la tête dans la gadoue au bord du chemin. Et alors, nous ne serons clairement plus utiles à personne, et parfaitement incapables de prendre soin de qui que ce soi.

soumis a des exigences qui dépassent ce que toute personne normalement constituée peut supporter.

Repérer les signes

Ces dernières, années, le nombre de personnes qui viennent réfléchir à une reconversion suite à un burnout a explosé. Burnout qui concrètement leur fait perdre entre six mois et deux ans de leur vie, alors que les signes avant-coureurs de l’épuisement n’étaient pas totalement invisibles.

Car lorsque les signes pointent, vous pouvez prendre toutes les mesures que vous voulez pour “combattre” un stress qui n’est que le messager du problème : il est temps de réfléchir à des alternatives professionnelles qui vont vous éviter la case épuisement professionnel, avec toutes les conséquences qu’il implique.

Car c’est bien dommage que ce soit l’épuisement en lui-même qui soit le déclencheur de la transition professionnelle, avec ce qu’il coûte en temps d’incapacité, en perte d’estime de soi et de confiance, voire en dépression. Toute la difficulté réside dans le fait que le mal s’installe petit à petit, insidieusement, parfois sans qu’on s’en rende compte. Soyez à l’écoute de vous-même et de ce que votre entourage vous dit sur vous. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». Il n’y a pas de définition universellement acceptée du burnout et c’est l’une des raisons pour lesquelles il n’est toujours pas reconnu comme maladie professionnelle.

On constate cependant

 

 / Ce moment d’effondrement :

est la signification de burn-out : une énergie qui se consume jusqu’à s’éteindre, faute de carburant. C’est le moment où l’incapacité de faire quoi que ce soit submerge la personne.

Les victimes de burnout parlent de ce moment où ils se sont arrêtés au bord de la route et ont pleuré pendant deux heures, où ils n’ont pas pu se lever de leur lit, où ils se sont retrouvés comme paralysés devant leur ordinateur.

les signes du burn-out :

  • troubles du sommeil: difficultés à s’endormir, insomnies
  • fatigue persistante, prédisposition à la maladie, addictions
  • baisse d’efficacité, difficultés à se concentrer, troubles de la mémoire
  • spirale négative: sentiment de culpabilité, on doute de ses compétences, dévalorisation, pessimisme, perte de confiance en soi
  • changement de comportement, agressivité, sautes d’humeur, repli sur soi, isolement

Tous ces signes, qui ressemblent étrangement à une dépression, sont des indications claires que l’environnement professionnel devient toxique et qu’il est temps de se pencher sérieusement sur la marge de manœuvre pour retrouver du bien-être ou la possibilité d’une transition professionnelle, quelle qu’elle soit avant d’en arriver au burn-out. D’autant que réfléchir n’engage à rien, il n’y a pas de risque à mener une réflexion, alors qu’il y en a un sérieux à remettre l’affaire dans sa poche avec son mouchoir par dessus